Voyager à vélo dans ces contrées reculées, impose d’être autonome en nourriture pour quelques jours, entre chaque ville où nous pouvons nous approvisionner. Particulièrement en Patagonie, il est fréquent de ne pas rencontrer de source de nourriture sur plus de 200 kilomètres.
La contrainte de poids et de volume fait qu’il est nécessaire de réaliser des choix sur le type de nourriture transportée. Le passage de frontière vers le Chili complique également la tâche, il est en théorie impossible de passer des légumes, des fruits ou de la viande. De plus, le végétarisme de Julien est un paramètre supplémentaire à prendre en compte.
Nous en venons donc au régime du cycliste, ou du moins ce que nous croyons l’être.
Contexte
Notre régime alimentaire a progressivement évolué au fil du voyage, et continue à être modifié sans cesse en fonction de ce que nous parvenons à trouver en route. Les premières semaines, nous avions en général une salade de légumes et des pâtes. Ensuite la purée de pommes de terre a fait son apparition (flocons avec du lait en poudre). Et récemment la rencontre de Uri et Danielle a considérablement augmenté notre consommation de légumes (crus et cuits). Ces voyageurs ont sur leur vélo deux sacoches seulement, une pour leurs affaires, une pour la nourriture ! En leur compagnie, ce sont des repas à quatre ou cinq plats qui se préparent pendant une heure ou deux, dans une maison abandonnée ou sous la tente ! Une révolution pour nous qui étions cantonnés aux pâtes et purée, dans un soucis de poids et de volume !
Lors des arrêts en ville, l’alimentation tourne autour de quelques empanadas, de quantité de légumes impressionnantes, et de recettes un peu plus élaborées que nous permettent les cuisines des auberges de jeunesse. Nous cuisinons donc Tartiflette, Aloo Matar, Tarte aux poireaux, Quiches, Pain, Soupes, Lentilles, etc. Egalement selon les camarades de voyage nous cuisinons des spécialités de chaque pays. En terme de barbecues, si populaires ici, Fabio a eu la chance seulement deux fois d’en profiter pour le moment. Lors du réveillon de Noël à Rada Tilly avec nos amis Edward et Andrès, et chez Oscar à Punta Arenas.
Végétarisme et sans gluten
Jusqu’à présent, manger végétarien ne fut absolument pas une difficulté. La viande n’étant pas le produit le plus facilement transportable à vélo, elle n’est pas choisie en priorité par les cyclovoyageurs. Et dans les restaurants, que ce soit en Argentine ou au Chili, il y a toujours un ou plusieurs plats végétariens proposés. Une difficulté néanmoins, ici en Amérique du Sud, le poulet n’est pas considéré comme de la viande, et le poisson non plus. Donc affirmer « No como carne » (« Je ne mange pas de viande ») n’est pas suffisant. Il faut préciser « No como carne, no pollo, no pescado » (« Je ne mange pas de viande, ni de poulet, ni de poisson »). De plus, de nombreux biscuits en Argentine contiennent de la graisse de bœuf, en général positionné en troisième ingrédient, donc en quantité assez importante ! Attention à surveiller les ingrédients des biscuits achetés !
Pour aller plus loin
Pour répondre au commentaire d’Angélique, un régime sans gluten, sans lait, sans oeufs semble plus compliqué à tenir selon le lieu où l’on se trouve en Patagonie. Certains villages ne proposent que des « minimercados » où le choix en nourriture est très réduit ! Et ces produits de base sont parfois les seuls disponibles ! Le rayon sans gluten est absent bien sûr… Dans certains villages il est même difficile de trouver des produits frais tels que des légumes ou des fruits.
Le moment du repas est lors d’un tel voyage un des moments de plaisir simple. Selon nous, il s’agissait auparavant presque uniquement d’être efficace dans l’équation « matière transportée / calories assimilable ». Aujourd’hui, au fil des rencontres, nous comprenons qu’il s’agit bien plus du plaisir de bien manger, même si il faut transporter dans la remorque un choux rouge de presque trois kilogrammes !
Tentons de conclure
A ce point du voyage, il me semble (Julien) que ce changement récent de régime est un avantage sérieux pour notre bonne santé sur ce long terme de ce voyage. En effet, l’ajout de légumes et fruits en quantité nous apporte les fibres et les oligoéléments qui manquaient à notre régime précédent principalement composés d’aliment pauvres en fibres et surtout à index glycémique très élevé ! (voir cet article expliquant l’évolution des connaissances depuis les glucides simples/complexes, l’index glycémique et la charge glycémique). Les repas uniquement composés de pâtes ou purée de pomme de terre nous contentaient pour quelques heures seulement, et nous devions compenser par des biscuits en milieu de matinée et milieu d’après-midi. Aujourd’hui, une alimentation plus variée et plus riche en fibres nous permet de ne pas avoir faim pendant de nombreuses heures.
Anecdote !
Au beau milieu de la Terre de Feu, nous avons croisé Chris, qui habite en Australie et qui a parcouru une bonne partie du Chili à vélo. Manquant de temps, elle découvrait la Terre de Feu en voiture et s’est arrêtée spontanément lorsqu’elle nous a croisé ! Quelques secondes plus tard elle nous offrait fruits, légumes et noix, alors que nous étions vraiment juste en nourriture depuis déjà quelques jours ! Nous sommes repartis comblés, plein de confiance pour continuer à combattre le furieux vent de la pampa ! Merci beaucoup !
Des articles toujours très agréables à lire
Merci 🙂
Merci pour la réponse à ma question! Je traîne à venir commenter… notre mini voyageur numéro 2 est né le 4 avril… c’est sportif! (Bien plus fatigant que la carretera australe ou le paso jama… et pas question de prendre un jour de repos ou de faire du stop, la parentalité c’est une aventure de l’extrême! 😉 Quand je pense à tous ces jeunes parents qui nous disaient lors de notre départ il y a 4 ans et demi “Vous êtes bien courageux, je ne pourrais pas”)
Pour en revenir au sujet, je ne m’attendais pas à l’existence d’un rayon sans gluten sur la carretera 😉 C’est plutôt que je me demandais en “produits de base” sans lait, maïs, gluten ce qui était disponible de “facile” à transporter et cuisiner au bivouac. A part le riz, de mémoire, je ne vois pas trop. Aucune idée des ingrédients des purées déshydratées… et même les sauces tomates qu’on mettait sur nos pâtes, sont elles sans lait, gluten, maïs??? Et pareil pour les pauses… on a mangé quantité de biscuits!
Enfin là les 2 semblent tolérer de petits écarts dans mon alimentation (les allergènes passent dans le lait maternel)… donc on tentera une réintro douce pour le grand en même temps que l’introduction pour le petit. Ils nous reste quelques années avant de partir en famille… mais c’est clair que dans ma tête les allergies c’est le principal obstacle qu’on aurait :-/
Merci et bon vent!
Suerte!