Ruka Pillañ

En langage Mapuche, le volcan Villarrica situé à proximité immédiate de la ville de Pucón au Chili, se nomme “Ruka Pillañ” ou “Maison des Esprits” dans notre langue. Nous l’avons contourné à vélo pendant plusieurs jours et nous avons eu la chance de le gravir le 21 mai juste avant de prendre le bus pour Santiago. Voici notre récit.

Le réveil sonne à 5h30, nous prenons le petit déjeuner en silence dans l’auberge de jeunesse encore endormie. Le vent a soufflé toute la nuit et nous nous demandons si l’ascension sera possible. A la lueur de la pleine lune, nous nous dirigeons vers l’avenue principale de Pucón où le matériel choisi la veille nous attend ainsi que le bus pour nous emmener au pied du volcan. L’un des guides, Rubén, nous informe que les gardes du parc sont en route pour vérifier que l’ascension est possible. Nous patientons sagement en attendant les deux derniers participants. Nous sommes un petit groupe, quatre Chiliens et nous.

Vers 7h00 le départ est enfin donné, le vent est à priori moins fort au niveau du volcan. Le guide qui semble avoir le plus d’expérience nous explique qu’il s’agit d’un vent “Puelche” qui doit normalement se calmer en altitude… Nous grimpons par une belle route asphaltée qui se termine par un chemin en terre assez étroit ! Le bus nous dépose à 1400 mètres d’altitude, il nous reste donc autant à gravir !

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Notre naïveté nous avait fait penser que nous serions peu nombreux sur le volcan en cette période de basse saison avec une météo hasardeuse. Mais cette journée est LA journée du mois où l’ascension peut se faire dans des conditions idéales. Conséquence, des dizaines de minibus sont déjà au pied du volcan et une colonne d’une centaine de personnes s’élance déjà à l’assaut des contreforts du volcan.

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Nous commençons donc à gravir les pentes de sable volcanique en suivant le guide le plus jeune, Rubén. Nous avançons à bonne allure et nous commençons à doubler petit à petit différents groupes. Le soleil se lève doucement et nous réchauffe déjà les joues. La vue sur le lac Villarrica et les sommets au loin est déjà époustouflante. Au premier palier, arrivée de l’ancien télésiège, tous les prétendants au sommets sont arrêtés pour manger un bout ou soulager un besoin pressant. Il n’y a pas encore de neige. Nous avons déjà semé les Chiliens de notre groupe, Rubén doit les contacter par talkie. Pour nous, pas besoin de s’arrêter, c’est le moment de prendre les devants. Notre guide accepte et on continue, à partir de là nous seront devant l’ensemble de la troupe !

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Petit à petit la neige fait son apparition, nous faisons la trace dans une neige fraîche de l’avant veille. La surface immaculée de la neige nous confirme que nous sommes les premiers à gravir le volcan depuis les dernières précipitations ! C’est fantastique, nous prenons de l’avance sur les nombreux groupes qui avancent plus lentement. Rubén est surpris par notre forme et nous demande quel genre de touristes nous sommes. Une fois que nous lui avons expliqué les 5000 kilomètres de vélo des mois précédents, il comprend. Nous allons pouvoir gravir ce volcan a bonne allure et être au sommet seuls.

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Aux alentours des 2400 mètres nous chaussons les crampons. La neige est bien dure et nous devons faire la trace. Après quelques consignes sur l’usage des crampons et du piolet, nous entamons la dernière partie de l’ascension. La pente se fait de plus en plus fort, jusqu’à atteindre les 40°. Nous progressons sans encordement, cela semble être la pratique ici. Une chute serait probablement plus effrayante que dangereuse, il n’y a quasiment pas de rochers qui affleurent.

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L’énorme troupeau qui était derrière nous est maintenant hors de notre vue. Nous progressons entre des gros blocs de lave recouverts de neige et de glace, l’ambiance est glaciaire ! Heureusement que le soleil nous réchauffe. A cinq minutes du sommet nous laissons les sacs à l’abri entre les blocs de lave enneigés et nous continuons légers pour atteindre la caldeira. Nous avons les masques à gaz à portée car on voit clairement que le volcan fume fort. Il s’agit de 90% d’eau et 10% de souffre, un mélange simple mais particulièrement dangereux.

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Au sommet nous jubilons, aucune trace dans la neige sauf les nôtres. Aucune autre personne en vue que nous trois et notre guide. Nous avons eu besoin de 3h30 pour gravir les 1400 mètres de dénivelé. La vue sur les volcans Llaima, Lanin et Quetrupillan est majestueuse. Nous pouvons également embrasser du regard la cordillère des Andes. Rubén est super sympa et nous prends en photo. Seul bémol, beaucoup de fumée s’échappe du cratère et nous empêche de voir la lave 145 mètres plus bas.

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Nous sommes ravis et nous redescendons manger un morceaux là où nous avions laissé les sacs. Quelques minutes plus tard nous sommes entouré par des dizaines de personnes, qui sont en route pour le sommet. Nous nous sentons littéralement encerclés. Il est temps de filer, Rubén a lui aussi bien envie de commencer la descente.

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Quelques dizaines de mètres en crampons et nous creusons au piolet chacun une petit terrasse pour s’installer et se préparer à l’étape suivante, la luge ! En effet, nous avons dans nos sacs des sur-pantalons et une sorte de grande “culotte” qui se met pardessus au niveau des fesses et des cuisses. Nous avons également une luge genre pelle à neige ! Rubén nous explique comment gérer notre vitesse en mode “ramasse” et nous nous entraînons un peu.

Ensuite c’est parti ! Nous dévalons la pente derrière notre guide qui tâche d’éviter les zones rocheuses ! Cette méthode de descente est très amusante et nous permet de rejoindre la fin de la neige en quelques minutes ! Des toboggans sont petit à petit creusés au fil des passages et nous réouvrons d’anciens toboggans qui avait été recouvert par les dernières neiges.

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Une fois sur la terre ferme, il ne nous reste plus qu’une heure de descente dans une terre volcanique très sablonneuse qui est très agréable à courir ! Nous rejoignons les autres membres de notre groupe initial, qui n’ont pas réussi à atteindre le sommet. La vue en descendant est toujours superbe. Le lac Villarrica nous tend les bras pour une petite bière à Pucón, partagée avec Patrick, un des passagers du cargo qui nous a amené en Amérique du Sud !

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2 Comments

  1. de nouveau possible de le grimper alors !! des photos toujours canons et la grande forme pour ce “petit” sommet !! Bientôt les grandes montagnes ! A+

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